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mardi 1 mars 2011

De l'action dans le discours

  Partout des analyses, des minuties inutiles, des pointilleux remontrants. 

  En philosophie, il n'est guère nouveau que pour débattre d'une idée, il est toujours bon de faire attention aux mots employés et de savoir exactement à quel auteur nous faisons référence. Et il faudrait, en effet, être un imbécile pour ne pas approuver ce minimum de rigueur dans le discours. Mais quant la pratique devient rigoriste, "universitaire", à la limite du coincé, nous assistons à des débats rhétoriques et stériles; à jouer sur un mot, à le retourner, à changer inlassablement ses origine et ses employeurs pour le déconstruire, le dé-comprendre. 
  Le débat et la vérité avancent t-ils? Non. 

  Or, si nous observons le monde politique, il apparaît comme le lieu où les idées fusent peu, prennent d'inutiles détours pour finalement laisser croire que, laisser penser que, laisser faire croire que l'on pense. Débat délaissé. 
  Oh, j'ai déjà assez fait entendre le problème de la censure causée par l'opinion des bons Lucien (Sartre, L'engrenage) et autres Kant manchots qui sont dans notre voisinages et qui ne manqueront pas de nous accuser des maux de leurs parents. Mais cela ne doit pas nous empêcher de débattre, au risque d'un dérapage ou deux, de parler de vive voix plutôt que d'en appeler aux grands TNS Sofres, Ifop, Ipsos qui nous submergent de sondages toujours plus éphémères et virtuels. 
  Un mot, une phrase, un argument contiennent une multiplicité de choses selon les contextes, et en faire la critique revient en n'en critiquer qu'un aspect. Nous le savons, et c'est là la joie et l'intérêt de la confrontation; lorsque l'on sait avec clarté où l'autre veut en venir car l'on a compris l'aspect spécifique et immédiat de son propos, de sa démarche. 
  Mais on continue, pourtant, à nous embrouiller, à avancer puis reculer, à jouer sur les définitions, à chercher la bête, que cela soit pour dormir en paix ou pour inhiber son adversaire. On joue aux idiots savants. On n'ose plus tailler dans le vif, obnubilé par une sorte de principe de précaution du langage. Et s'y par malheur on tente d'en sortir: tollé général!

  Ainsi rien ne se résout, et tout le monde pense. La peur de l'erreur et du faux pas est on ne peux plus présente, car le jugement divin est désormais en chacun. Magie démocratique hors des urnes: au nom de tous on ne fait plus rien, on (se) fait plaisir. Et pour illustrer ces discours qui tournent à vide, il suffit de voir le nombre de débats politiques qui ne se font plus entre politiques, mais entre journalistes. 
  Prenons garde et écoutons Lucrèce : 
"Et quo quaque magis cohibet res intus inane, 
tam magis his rebus penitus temptata labascit."*
E.Esther

*Et plus une chose renferme de vide, 
plus elle se laisse pénétrer et ruiner.