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mercredi 26 janvier 2011

Pucerons hédonistes et teckels passéistes

"Contente-toi du donné." Sur Démocrite, citation attribuée à celui-ci et rapportée par Friedrich Nietzsche.
  Loin de proclamer l'avènement d'une pensée caractérisée par sa passivité, cette sentence énigmatique pourrait bien être la condition de toute pensée ayant pour ambition un réel poids politique et culturel (mais en doutiez vous vraiment mes frères et soeurs?). Il senble que la modernité puisse se résumer à un long processus de déprise quant à toutes nos idoles, à une prise de conscience de l'ensemble de nos représentations dans ce qu'elles ont de plus arbitraire. Mais cela signifit-il que nous soyons réduits à un hédonisme crasse, dont nous voyons bien qu'il ne fait que s'étendre au-delà des frontières du monde occidental? 
  Que nenni! Car s'il y a bien une chose que le Grand-Homme-à-Moustache nous ait appris c'est qu'avec le monde vérité, c'est aussi celui des apparences qui a sombré dans l'abîme, aussi ne nous faut-il pas céder à l'appel de la Matière pas plus qu'à celui de l'Esprit mais bien rompre avec ce schème pathologique pour nous tourner vers le seul monde, celui qui nous est immédiatement donné, dans toute sa richesse et son irréductible diversité. C'est pourquoi, devant une réalité singulière et inconnue jusqu'alors (ne sommes nous pas les premiers à croire sincèrement que la félicité est à chercher dans la jouissance ici et maintenant?) , il nous faut à tout prix abandonner nos vieux grimoires, nos anciens schèmes de pensée, si nous voulons pouvoir faire face.

  "Les hommes naissent mous et souples,
  Morts, ils sont raides et durs.
  Les plantes naissent tendres et élastiques,
  Mortes, elles sont sèches et cassantes.
  Ainsi quiconque est raide et inflexible est un disciple de la mort.
  Quiconque est doux et flexible est un disciple de la vie.
  Le dur et le raide seront brisés.
  Le doux et le souple prévaudront."

Tao te king Lao Tseu

  Si la mort de Dieu est irréversible, il ne s'agit pas pour nous de mettre l'homme en lieu et place du principe divin. Toutes les grandes passions ayant animé le champs du politique ces deux derniers siècles, avec toutes les dérives que l'on connait (et dont on aime tant nous rappeler l'atrocité, nouveau mythe fondateur de nos sociétés prétendument kantienne) ne sont que les tentatives désespérée pour ranimer le corps divin déjà bien décomposé. Nous sommes les victimes de notre propre acharnement thérapeutique. Une vraie pensée du politique ne sera possible que par une remise en cause pleine et entière des cadres qui structurèrent jusqu'à présent ce champs de la réflexion. Nous, hommes tardifs, devons accoucher de l'Enfant (conceptuel celui-ci) qui pourra répondre au défi que nous nous lançons dans nos rapports les uns aux autres. La tentation réactionnaire nous est proscrite, celle de la conformité ne mène nulle part.
  
Quel autre choix avons nous que de créer par-delà nous même?

A.G.


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